L’Algérie a fait un pas de géant vers l’intégration économique africaine, en lançant une réflexion sur un ambitieux projet, à savoir la «route du diamant». Ce corridor économique transcontinental, présenté lors d’un forum international organisé à Alger par le Conseil consultatif supérieur pour les études stratégiques et l’investissement diplomatique (CREG), vise à unir les nations africaines et à stimuler le développement du continent.
«Il est temps de relever les défis ensemble»
Réunissant de nombreux ambassadeurs et représentants de plusieurs ministères, le Forum a permis de mettre en lumière l’importance stratégique des corridors économiques en Afrique. Hakim Boukhatem, président du CREG, souligne dans son discours d’ouverture de ce Forum l’objectif de ce projet qui, dit-il, consiste à «rapprocher les nations et les peuples, afin de garantir le droit à la prospérité, au bonheur et à la croissance, et de promouvoir la paix dans notre région et dans le monde».
Selon Boukhatem, le continent africain a trop longtemps souffert de la guerre, de la famine et du sous-développement. «Il est temps de relever les défis ensemble», affirme-t-il. «L’union fait la force», lance-t-il. Selon lui, «la ‘route du diamant’ se distingue par son envergure et sa stratégie». «Nous disposons de tous les outils nécessaires pour mettre en œuvre ce projet et créer un bloc économique stratégique», assure Boukhatem, ajoutant que ce corridor s’inspire de modèles réussis en Asie, tout en proposant une vision unique pour l’Afrique.
«Le rêve africain»
En s’appuyant sur de nouvelles lois et facilités mises en place par le gouvernement algérien, ce projet ambitieux peut, affirme-t-il, «éradiquer la pauvreté, la famine et les conflits en Afrique». «C’est le rêve africain», a déclaré Boukhatem. Le projet de la «route du diamant» ne se limite pas à un simple corridor commercial.
Selon Fassih Rabah, chef de la diplomatie économique au ministère des Affaires étrangères, il s’agit d’une véritable vision stratégique pour l’intégration économique africaine. «La route du diamant, c’est bien plus qu’une route», déclare-t-il lors de ce Forum. «C’est un projet qui vise à sécuriser les voies naturelles, à assurer le financement de l’économie africaine et à mettre en valeur les atouts du continent, notamment sa jeunesse et ses ressources naturelles», explique-t-il.
En s’inspirant des initiatives telles que la Route de la soie et la Route indienne, l’Algérie propose un modèle d’intégration économique fondé sur la coopération et le partage des infrastructures. «Nous avons déjà des projets concrets en cours, comme le gazoduc Nigeria-Algérie et le projet de fibre optique», rappelle Fassih.
L’Algérie trace la voie
L’objectif est clair, selon lui. Il s’agit de faire de l’Afrique une économie intégrée et cohérente, capable de rivaliser sur la scène internationale. «Notre continent a un immense potentiel», souligne le diplomate. «Il est temps de le mettre au service de nos populations», plaide-t-il. Pour atteindre cet objectif, l’Algérie, affirme Fassih, compte sur la coopération de tous les pays africains. «Des pays comme l’Afrique du Sud, le Ghana et la République démocratique du Congo jouent un rôle crucial», précise-t-il. «Nous espérons que nous pourrons avancer ensemble dans cette direction», ajoute-t-il, soulignant que «la ‘route du diamant’ s’inscrit dans une dynamique plus large de renforcement de l’Union africaine et de réalisation de ses objectifs pour 2063».
D’autant plus, fait-il remarquer, «ce projet ambitieux suscite un grand intérêt sur le continent et au-delà». Le Forum international sur la dimension stratégique des corridors économiques en Afrique a été l’occasion pour des experts de renom de partager leurs visions sur le développement du continent.
«L’Afrique regorge de ressources et d’incitatifs pour progresser»
Ahmed Mizab, expert stratégique, souligne dans ce cadre le potentiel immense de l’Afrique et la nécessité d’une intégration économique régionale. «L’Afrique regorge de ressources et d’incitatifs pour progresser», indique Mizab. «Notre objectif est d’atteindre une intégration complète et de relever les défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés», précise-t-il. Selon l’expert, l’économie des corridors est un enjeu stratégique majeur à l’échelle mondiale. «L’Algérie, en misant sur la dimension africaine, souhaite contribuer à la réalisation des visions de l’Union africaine», ajoute-t-il. Mizab a rappelé les progrès économiques réalisés par plusieurs pays africains ces dernières années, démontrant ainsi le potentiel du continent.
«L’Afrique est désormais un acteur-clé sur la scène mondiale», affirme-t-il, avant de revenir longuement sur l’importance d’investir dans les ressources humaines, naturelles et stratégiques du continent. «Nous devons unir nos efforts pour faire face aux transformations mondiales et aux défis géopolitiques», indique-t-il. Il n’y a plus, selon Mizab, «de place pour les États isolés dans la mise en œuvre de leur potentiel économique».
L’énergie, un levier clé de l’intégration économique
Aujourd’hui, explique-t-il, «la force des blocs économiques dans l’élaboration des visions et des politiques est indéniable. Au début du XXIe siècle, l’Afrique était souvent perçue sous un jour sombre, notamment en termes de développement économique. Cependant, depuis 2016, une nouvelle vision a émergé, mettant en lumière l’émergence de plusieurs pays africains. Ces derniers ont enregistré des taux de croissance impressionnants, et 6 d’entre eux se classaient parmi les 10 meilleures performances économiques mondiales, avec un taux moyen de 5%». «Ces résultats positifs témoignent d’une transformation en cours sur le continent», assure Mizab.
Selon Abdelkader Slimane, expert en économie, «il s’agit de créer des liens logistiques pour établir des partenariats stratégiques et renforcer le commerce extérieur». L’Algérie mise notamment sur le développement de ses ports, comme ceux d’Alger, Oran, Jijel et Annaba, pour faciliter les échanges commerciaux et exporter des produits à haute valeur ajoutée. Le secteur de l’énergie joue un rôle central dans le projet de l’Algérie. C’est pourquoi, estime-t-il, «le pays ambitionne d’accroître sa production d’électricité et de gaz naturel pour alimenter les marchés africains et européens. Le projet de pipeline reliant le Nigeria à l’Algérie, via le Niger, en est un exemple concret».
La «route du diamant» s’inscrit dans une perspective panafricaine
De plus, ajoute Abdelkader Slimane, «l’Algérie prévoit d’investir massivement dans les énergies renouvelables et de renforcer sa coopération avec les pays africains dans ce domaine». La «route du diamant» s’inscrit ainsi dans une perspective panafricaine, d’où l’objectif de l’Algérie de favoriser la coopération entre les pays du continent et créer un marché commun africain. «Nous devons travailler sur l’intégration africaine et établir des partenariats authentiques», souligne Abdelkader Slimane qui rappelle que «le pays appelle à une plus grande implication des pays développés dans le développement de l’Afrique, notamment en matière de transfert de technologie».
En somme, selon l’économiste, «le projet de la «route du diamant» témoigne de la volonté de l’Algérie de jouer un rôle moteur dans l’intégration économique de l’Afrique. En misant sur le développement des infrastructures, de l’énergie et du commerce, le pays espère contribuer à la création d’emplois et à l’amélioration des conditions de vie des populations africaines. «Cette initiative ambitieuse pourrait donner un nouvel élan à la coopération Sud-Sud et renforcer la position de l’Afrique sur la scène internationale», conclut-il.
Assia Boucetta
LAMRANI AMIROUCHE 20 semaine
Magnifique.